J
Automne 2018

Deux mois, un tiers, et toujours 120 battements par minute

Kyoto, Villa Kujoyama

Voici le mois de juillet qui commence et je suis arrivée hier ….!


Les jours, bien chargés d’humidité (95 % en moyenne) sous un ciel passant du bleu marial au gris sombre en moins de temps que le vol d’un oiseau, défilent comme les nuages du typhon des jours derniers !


Au Japon, la saison des pluies a commencé. Le ciel est chargé d’eau, la Kamo, rivière
mythique qui traverse Kyoto du Nord au Sud enfle, les couleurs sont nuancées d’un gris lumineux, les arbres brillent tels des laques, même les oiseaux se sont tus, seules les grenouilles coassent de plaisir...


Quelques aventures et voyages de ce mois de juin .

Kobe tout d’abord et les retrouvailles avec mon maître. Très amaigri, fatigué, il me sert dans ses bras. Je suis très émue. Naoko qui est avec moi, a droit aussi à une belle accolade. Elle n’en revient pas !
C’est touchant et les mots ne sont pas nécessaires...encore une fois !
Nous passons une après midi délicieuse ensemble à « visiter » le Kobe disparu de son
enfance. Nous passons d’émotions en émotions pour lui, pour nous.
L’attention portée aux maîtres, aux anciens est tendre. La main qui épaule, une autre qui
conduit, qui perce le flot permanent des gens dans les rues...mes yeux sont souvent humides
Naoko me montre des choses simples que je n’ose plus faire.

Kobe est une très grande ville portuaire, vivante, bruyante, colorée. Si à Kyoto on s’oriente avec les points cardinaux (la ville étant un quadrillage à la chinoise) à Kobé c’est l’axe montagne mer qui devient boussole. Ville ouverte, de beaux bâtiments et villas occidentales accrochés à la montagne, vestiges de la fin du XIX , une chinatown que mon maître adore et un port marchand gigantesque.
Beaucoup de choses ont été reconstruites depuis le tremblement de terre de 1995, l’émotion de mon maître est perceptible : il n’était pas revenu dans le port depuis ce temps là ; il reste silencieux pendant ce tour de bateau dans la baie. Rien ne lui semblait familier, aucune trace de cette catastrophe qui l’a marqué à jamais
( il fut éventré et son atelier détruit )
Il n’arrive pas à nous quitter, et nous passons de salon de thé en gargotes culinaires.
Exténué (nous aussi un peu), nous le regardons partir dans la foule en taxi vers 22h, le coeur gros.

Le Japon est là aussi dans cette foule, véritablement mouvements d’humains. Il est très rare
cependant qu’il y ait choc. Tout comme les maisons ont un léger interstice entre elles en
prévention sismique, les gens se frôlent au Japon. On glisse plus que l’on ne marche, mais on reste debout.
La verticalité est beaucoup plus présente que l’horizontalité (ce qui est encore de nos oppositions).
je suis souvent à Osaka ou Kobe en suspension respiratoire.
il n’y a aucune peur, simplement la vastitude de la population et ma solitude …

Le Japon est en superposition permanente.
Il y a le dessus, il y a le dessous, et on est toujours au milieu de quelque chose. Ces kilomètres carrés de magasins verticaux (très souvent les grands magasins sont dans des buildings qui se subdivisent en magasins moyens qui eux mêmes se subdivisent etc) contrastent avec ceux dans les minuscules ruelles de chaque quartier où sur 5m carrés, trois tomates, deux concombres, une barquette de tofu frit et du poisson en saumur attentent le client.
Souvent le vélo*, les bonzais, les fleurs, le tanuki voire le Jizo* s’alignent tous à coté,
à chacun sa part du monde et sa place dedans.
Cette cohabitation est incompréhensible partout ailleurs, elle est au Japon et se vit sans réponses, puisque la question ne se pose pas.

Merci de continuer à m’accompagner!


Martine Rey - Villa Kujoyama ヴィラ九条山 館長

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